7 h du matin, c’est l’heure des chiens autour de ce village, le mien. Je rencontre souvent ce couple d’anglais retraités et « Ferdinand », leur berger allemand. Mon chien enfant ne provoque pas le vieux mâle dominant, il sait que dedans il y a en corps de grosses dents… Nous les croisons, entre deux foulées, comme d’habitude, je hoche la tête. En retour, je suis gratifiée d’ un hello accompagné d’un sourire un peu niais ... Tous les trois paraissent fiers de pouvoir montrer qu’à leur âge, ils sont là, à la fraîche, ici.
Il est très tôt, les idées et la lumière ne sont pas vraiment claires entre « chien et loup » comme on dit . Je pense être injuste, grincheuse, à cette heure-ci… ça m’énerve de les croiser, moi je n’ai pas envie que l’on me voit là, ici . J'ai le regard hostile , je crois, parfois, on me le dit, en fait non souvent ...
À 7h30 du matin, à partir de là, j’ai un peu l’impression que le monde m’appartient. Nous ne croiserons plus personne. J’ai suffisamment placé de kilomètres entre les derniers lotissements et nous. Nous : Chien panda et moi. J’ai couru loin, mais bien ? Je ne sais pas… Jusqu’ à quel point ? Je sais juste que j’étais pressée d’être de côté.
Vouloir retrouver mon ancien chrono, s’annonce être un parcours difficile. Tout allait si vite, si bien. Mais bon, c’est ainsi…Je ne savais pas en corps l’an dernier, à cette même époque que j’allais, comme ça, morfler. L'endurance se perd si vite. Il ne faut jamais s’arrêter, ne jamais oublier de mettre le muscle du cœur à l'épreuve.
Pour finir la grande boucle, nous devons suivre durant 2 km un sentier parallèle à la route. Ah, tiens, j’aperçois de l’acier, des cheminées et de nouveau plein de gris m’envahit. Cette ancienne usine ressemble à un vaisseau abandonné, vision extra-terrestre. Pourtant les graffitis écrits à la hâte, sont tous de travers et en colère. Ils me rappellent que des hommes étaient bien là. Certains ont travaillé pendant plus de 20 ans ici.
8h 15, le monde est sous mes pieds. dans 2 heures le soleil brûlera tout en entier. Une chaleur d’enfer commencera du ciel et viendra s’écraser sur le village,un vrai bonheur, d’après certains. Je garde un rythme lent et régulier, vue de l’extérieur, l’on pourrait supposer que je ne suis pas pressée de rentrer. Pourtant si.
Il est beau Cyrus hein ?