- Oh comme il est joliment déguisé ce chiffonnier. Mais où donc trouves-tu ces petits meubles ? Brocantes ?
- C’est moi qui l’ai fait !
- Vraiment, roooo comment fais-tu ?
- Du temps, beaucoup de temps qu’il faut, en fait…. J’ai planté un gland, je l’ai arrosé. J’ai attendu qu’il pousse, sans oublier d’y mettre beaucoup d’engrais. Et comme ça prend du temps pour grandir un chêne centenaire. Ben j’ai pris des cours de menuiserie pour patienter. Puis quand le bébé arbre fut devenu grand et robuste , j’ai téléphoné à Superman pour qu’il vienne m’aider à l’abattre, le détruire. Avec le rayon laser qui part de ses yeux il m’a coupé le tronc en planches. Parce que moi avec une scie, c’est relativement désastreux et le résultat, bien entendu, est loin d’être fabuleux.
Puis j’ai écrit une lettre à Saint Nicolas, lui demandant de m’apporter des pots de peinture, des pinceaux, du papier de verre et un marteau, à mettre dans mes 50 paires d’escarpins pour la nuit de Noel.
Ensuite, le petit chaperon rouge et Xéna la guerrière sont venues me prêter main forte pour assembler le tout ! Une fois le chiffonnier assemblé, tout ce petit monde et moi avons pris l’apéro ! Et c’est avant hier, à 10h 7 minutes du matin que j’ai pu enfin tout peindre en noir comme un arc en ciel !
Voilà , voilà ut sais à peu près tout de mon savoir faire. Rien de très difficile, c’est juste que ça prend du temps. C’est super long, il faut du courage, de la détermination, et beaucoup de patience pour chercher et finir par trouver la drôle folie…Tout un monde, un décor, des trucs à faire, et ainsi la sensation de ne pas la trouver trop longue cette vie. Et si ut penses que de meubler de façon extraordinaire est trop fatigant . Ben à la place, il paraît que tu peux toujours rêver, faute de ne pas avoir non plus envie d’ aller directement à But.
- Ahhh d’accord !
elle-surlalune - Page 38
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Avoir un But !
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Travaux terminés.
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1988, peut-être . Luc et Max
C’est bien simple presque partout où Max allait, je le suivais. Nous deux copains et voisins depuis toujours, je crois bien…Il était là tout près tout le temps, nos mères se dépannaient avec une sorte de garde alternée de leur bambin respectif, c’est-à-dire nous. C’est sans doute à force de les voir passer du stade de voisines dépanneuses à celui d’amies que Max et moi le sommes devenus aussi. Puis après ce sont nos pères qui se sont mis à être des potes. En l’espace de quatre ans, voilà nos deux familles groupées dans les locations de vacances de juillet où des dîners, le samedi soir. Max et moi côte à côte en train de jouer ou de regarder la télé pendant que les grands parlaient du monde. C’est comme ça qu’est arrivé cette sensation d’être comme des frères. À force d’être réunis, ces deux paires d’adultes avaient trouvé de la compagnie agréable pour eux et leurs enfants uniques.
Quand ma mère me demandait si j’avais passé une bonne journée, je lui racontais ce que Max faisait . C’était toujours lui qui faisait, moi je n’étais juste jamais loin de lui, ça me suffisait. Et suffisait à ma mère, la rassurait de ne plus me voir tout seul, enfin. La gaillardise de Max atténuait mon air, d'après l'entourage, anxieux . Il y avait Max au foot, Max à la récré, Max… et moi enfant près de lui. Puis il y a eu Max au pays de l’adolescence et des relations avec les filles, ou l’époque des premiers pétards roulés, des vinyls achetés en commun, là ce n’était plus des journées à décrire à ma mère, à la manière des livres « Martine » . Sur tout, à partir de mes seize ans, c’est là que j’ai recommencé à me taire.
De l’observer ne m’ennuyait pas, ça m’occupait, m’amusait aussi parfois. De toute façon, qu’aurais-je bien pu avoir à dire ou à faire. Moi j’attendais juste, la majorité, le droit de foutre le camp, d’assumer qui j’étais vraiment. Mais ça s’est passé différemment …
Je me demande bien quel genre d’homme je serais devenu, si à vingt ans j’avais choisi de survivre à cette putain de maladie. Voir ce que ça aurait donné si je ne m'étais pas foutu en l'air …Sans doute, un solitaire, ayant coupé certains ponts, ceux du clan, la réalité de cette famille. Trancher la gorge au silence .
D’une certaine manière Max et moi, nous nous ressemblions un peu, dans ce trait de caractère, celui de cet irrésistible penchant pour être au singulier.
« Le devine enfant « , c’est ainsi qu’elle me raconte ma mère. Je n’ai jamais réussi à lui décrire, de vive voix, qui j’étais vraiment…
C’est bien simple presque partout où Max allait, je le suivais. Je m’évadais un peu, un peu amoureux de lui aussi sans doute…Qui sait.
Je continue de le regarder Max, de là où je suis c’est-à- dire d’un endroit qui n’est pas forcément le ciel. Je la vois aussi, elle pour les instants près de lui. Mon souvenir les a réunis…
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22/10/2008
Cadeau de moi fait à moi-même , illustration :
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Un chien mort
Dans une société vieille comme ma petite ville, j’ai commencé par rétablir une vie professionnelle. J’appliquais mon récent et maigre savoir du métier de secrétaire. J’étais tombée dans l’un de ces endroits où le chef de service se flatte d’être de la vieille école. Un lieu exagérément austère. C’était tout simplement moche en plus d’être triste tendance vieillot. Ledit chef de service y prenait la poussière depuis plus vingt cinq ans. Bien qu’il ne lui ressemble pas vraiment physiquement ,j’ai eu l’impression curieuse, à ma première entrée dans son bureau, d’avoir à subir un entretien avec le policier Derrick.
Dans les couloirs, en tendant bien l’oreille, l’on pouvait entendre certaines réflexions, les automatismes de l’héritage de la méfiance envers l’autre. Les différents. J’avais envie à tout moment de traiter mon chef de vieux con réactionnaire, juste pour voir quelle tête il ferait. Tous les lundis matins j’en rêvais. Il incarnait le responsable d’une tribu de postérieurs mous, bien assis, installés dans des fauteuils de cuirs gras, des culs tannés et usés à force de se laver à l’idée de propre. Ça tombait bien pour une entreprise de produits d’entretien. J’étais là avec eux, secrétaire et à l’occasion toute désignée pour leur apporter le café. Mais bon, il me fallait ce travail, cette indépendance. De la liberté …De la dure réalité en tranche de vie active comme moyen de me sortir de l’isolement, de la vie précaire. Au moins travailler en ce lieu me procurait l’impression d’interpréter une gentille fille, pour un peu atteinte du syndrome de Cendrillon. Je me suis retrouvée au beau milieu de gens travaillant ensemble huit heures par jour depuis des siècles. Deux vieilles biques siamoises reliée directement à ce que j’appelle de l’étroitesse d’esprit –mes collègues- m’ont écartée totalement, et déclarer officiellement une guerre froide après avoir constaté mon indifférence totale sur ce qu’elles pouvaient bien penser. De toute façon, je n’avais rien à leur dire à part de leur parler « boulot ». Leur vie m’indifférait et ça se voyait. Ben non je n’aimais pas parler, discuter du programme TV de la veille, ni des études d’enfants que je ne connaissais même pas, le tout devant une machine à café…Sans doute aurais-je du moi aussi me débarrasser de mes à priori, je l’admets volontiers.
Intégrer une équipe n’est ni simple ni facile. L’image du groupe prétend former un ensemble d’efforts collectifs, la force de production se convertit en slogan. L’on utilise le « nous gagnons », à l’or qu’en fait le seul vainqueur est le regard acquit, primé par la hiérarchie. L’individualisme. Ça m’ afflige ! Comprendre les caractères de chacun, gérer au quotidien mon réapprentissage à la vie en société et sortir de mon huis clos fut difficile. Une épreuve, je crois bien ... J’ai assimilé un rythme de travail, du nouveau pour moi, tout juste sortie de « ça ». Camoufler mes cernes, assumer mes fautes dites d’inattention. Des erreurs tout de même perçues comme des trahisons à l’entreprise devint mon quotidien, une habitude. Dyslexie, comment assumer ce mot que je n’ose même pas prononcer et encore moins écrire ? Le « y » on le met où déjà ? Je suis la faiblarde du groupe, celle qui paraît comprendre lent.
Toutes les informations neuves dans ce travail se bousculent dans mon esprit, mon langage.
Tous ces endroits communs, où nous sommes mélangés, liés malgré nous. Ce cheptel auquel nous appartenons. Par obligation, par nécessité nous pressons le jus d’une vie active et remuante. Remous des qualités, des défauts, des paroles jetées en l’air ou en pleine face, bouffées de chaleurs des uns, odeurs des autres. Langues baveuses d’ovidés, eau vidée et saline. Toutes ces exacerbations s’allongeant du lundi au vendredi. J’ai du mal à surmonter les morsures d’un nouveau quotidien. Et ces autres que je n’aime pas et que je ne déteste pas, ces autres sans importance vraiment, et pourtant ces autres imposés, à côté, trop près. Des comme elles. Impossible de les ignorer. Ces autres dont on n’a même pas envie d’injurier.Ces autres que j’entends parler trop fort et que je n’écoute pas, ces autres m’éloignent de mes proches. Il y a WELCOME inscrit sur le paillasson de la maison : N’entrez pas merci. J’ai un peu de rancœur parfois c’est vrai, il serait si facile, sur un geste fou, de partir sans même claquer la porte, partir tout simplement …. Partir sans coup de gueule, partir sur un point barre. Mais partir pour aller où? Partir, comme dans les films, les chansons et les romans ? Seulement voilà, il n’y aura aucun générique qui se déroulera après moi. Juste des individus m' observant faire tout un cinéma.Cette démarche dont je n’avais pas conscience du ridicule au début. -
Spécial Marie chantal
Temps X
Longue ou brève, elle peut faire à peu près ça :
Un liquide lacrymal retenu.
L’excitation d’une conviction pas encore flétrie.
La ronde des centaines de pas perdus
Des questions par milliers qui affluent
Le doute m’inflige sa venue.
L’impatience polluera ce moment tant attendu
Je ne peux m’en aller, me laisser aller
L’imperceptible liane qui me retient et détient
Je voudrais avoir la force de partir
Néant moins :
Mon espoir n’a de cesse de me retenir ..
De te maudire, je n’arrive pas à m’en lasser…..
Latent instant, ton délais me tient en respect .
Attente, tu me fais souffrir.
Et pourtant !
Je ne parviens pas à me délasser ……
Quand vas tu revenir ?
Temps x bis , ou la dérision
Longue ou courte, elle peut faire à peu près ça :
Un liquide séminal retenu.
L’excitation d’une conviction pas encore flétrie.
La ronde des pieds pas pris, donc perdus
Des questions par milliers qui affluent
La goutte m’inflige sa venue.
L’impatience polluera ce moment : tant attendu
Je ne peux m’en aller, me laisser aller
L’imperceptible liane qui me retient et détient
Je voudrais avoir la force de jaillir
Néant moins :
Mon espoir n’a de cesse de me contenir ….
De me maudire, je n’arrive pas à m’en lasser…..
Latente absence, ton délai ne tient plus rien en respect .
Attente, tu me fais souffrir.
Et pourtant !
Je vais commencer par m’énerver ……
Quand vas tu jaillir ?
OLÉ …..
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Film fait à la maison
Individu étant là, étendu sans l’envie de bouger vraiment
Et pourtant d’une certaine manière voyager
Attitude adoptée.
J’autorise à mon âme déroutée une incertaine mobilité
Je refuse l’habitude de sillonner les routes, des vraies…
Ce sont mes instants, mes silences, mes blancs.
Moi sans…
À moi seule, appartient la décision, parfois, de m’absenter
D’une certaine manière, me détacher des grandes décisions, les nobles envies.
Tituber, osciller et lever ces quelques vers, à ma non-lucidité retrouvée
En réalité, l’ endroit où personne ne nuit
Je prends parti, opte pour un doux ennui . Les rêveries .
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La batukada . Hier soir j’ai entendu un conseil valant 14€90 : il faut accepter l’ennui ! Perso moi je m’ y fais très bien …
Quoique, meuhhhh non je déconne frangine
Tatata ta iiiii tatatata
Phrase des tambourins *
Totottitooottitooo
Phrase des cloches
Tchi tchi tchi tchi
Phrase du truc avec les grelots
Boum boum boum boum
Phrase des grosses caisses
Bam bim bam bim bam bim
Phrase des caisses claires
Une fois par semaine, on s’éclate et on répète ! Le groupe en représentation c’est l@
*c’est là que je suis héhéhéhé.
Au fait ce matin j' en ai trouvé des rouges fabuleuses -
Simone Weil
« L’âme a des besoins insiste Simone Weil, autant sinon plus que le corps, et si on ne prend garde à les assouvir , c’est toute notre société qui s’en trouvera déréglée. D’autre part séduire, pour nous séduire, les politiciens de tous bords nous ont fait croire à la possibilité d’une société permissive où les droits primeraient nos obligations et où gagner plus constituerait notre seul horizon. Simone Weil inverse les choses : les obligations priment sur les droits, elles sont identiques entre les êtres humains et ne concernent qu’eux seuls. »
« Il y a obligation envers tout être humain du seul fait qu’il est être humain, sans qu’aucune autre condition n’ait à intervenir, et quand même lui n’en reconnaîtrait aucune » .
Laure Adler décrit Simone Weil en tant qu’insoumise -
Fractionné du jour ...
Je me souviens des fins d’après-midi où, après le collège, je rejoignais la librairie. De l’extérieur, je regardais ma mère arranger la vitrine ou bien s’occuper des clients. J’aimais bien de temps en temps marquer une pause, voir si ma mère allait regarder sa montre, saisir l’instant où elle guetterait mon arrivée. Il me plaisait bien ce sourire qu’elle m’offrait, ce petit hochement de tête me désignant. C’était un air de famille, un air de connivence qui nous rassurait à toutes les deux. Je la trouvais marrante avec ses grandes lunettes dorées et sa manie de tout deux fois vérifier. Je dérobais un peu d’elle, en toute discrétion, digression d’une enfant envers sa mère . J’étudiais maman en étant fière d’être sa fille, ayant la volonté, pourtant de ne pas lui ressembler, parce qu’il fallait l’étonner pour lui plaire. L’aimer tant ma mère, je l’ai aimé autant qu’elle m’a manquée. Dans l’attente de sa présence, dans le désir qu’elle puise le temps de me parler en espace réduit. Ces instants rares dont je me rappelle caressent ma mémoire, la contrariété des entrevues manqués non plus je ne les oublie. Je voyais une certaine satisfaction se dégager d’elle, pour ma mère être épuisé signifiait assumer tous les rôles que se doit d’incarner l’individu féminin pluriel. À force de patienter, de l’avoir attendue de trop, avec cet amer ci-joint, je me suis égarée dans les rêveries, j’ai négocié mon statut d’enfant, composé avec ce rôle celui de fille d’attente. Il me fut impossible de m’empêcher de l’aimer de trop cette femme que j’appelle toujours maman.