C’est parce que j’ai le ventre vide et un peu de fièvre aussi que cette première bouffée de cigarette me donne un peu le vertige. 14h36minutes ce n’est vraiment pas une heure raisonnable pour se lever, mais mon corps aujourd’hui me l’autorise. Un petit déjeuner donc au goût tabac blond.
Je n’ai toujours pas faim, j’ai encore le gout âpre du tabac dans la bouche . Mon homme n’est pas là de toute façon pour lui que je lui dépose un baiser, alors quelle importance que ma bouche soit remplie de fumée ?
Quand il rentrera j’aurais effacé toutes traces de la flémingite aigue qui me traverse à l’instant : je serai douchée, bien habillée, l’odeur de mon eau de toilette sera suspendue quelques secondes derrière mes pas. Un pas qui sera rapide, je serai pressée parce que bien entendu comme d’habitude toujours en retard. L’heure à laquelle il rentrera sera proche de celle de mon départ, j’ai un rendez-vous à 18h exactement.
Je voudrais bien que ce soit mon époux qui ne soit pas en retard ce soir, j’aimerais au moins le croiser avant de partir pour mon rendez-vous de 18h exactement, qu’il me voit bien mise et pas chiffonnée comme à l’instant. Je veux qu’il me voie tourbillonner, moi pressée, occupée, qui ne se doute pas qu’aujourd’hui à la place du pain complet c’est de la fumée que j’ai avalée en premier.
Je regarde par la fenêtre, et contemple mon jardin, un espace vert touffu et copieux en mauvaises herbes, putain là aussi faut que j’essaye de faire bien. Heureusement que mon bougainvillier fait joli au milieu de ce tout bordel en feuilles, juste un bougainvillier tout fleuri qui suffit à faire diversion, tous les regards ont souvent tendance à s’arrêter sur du joli du frais, des yeux qui ne vont pas chercher l’arrière plan de toute façon …heureusement ?