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Les poupées

Juste avant « ça », nous vivions l’un contre l’autre et à contrario libre de nos mouvements. Nous ne nous posions pas de questions, nous nous aimions, un duo se satisfaisant des buts, ceux mis en commun : le bonheur de notre enfant, la maison tout équipée, et des fleurs dans le jardin. À la réflexion, un couple bien assorti à l’intérieur du cadre, peut-être celui d’une photo trônant sur le buffet …Paraître et bien-être .
Mes yeux savaient se fermer sur les écarts de conduites : Je veux parler de ces quelques sursauts de séduction dont certains ont besoin afin de se rassurer. Une soit disante confiance en soit entourée par un regard neuf. L’instant précieux et éphémère, de montrer, se montrer. La douce illusion de moments , paraît-il, innocents *. La nouvelle et brève satisfaction de se laisser découvrir. PLAIRE annule quelques doutes, c’est comme une sorte de récompense des efforts fournis et consacrés à améliorer l’image. On paye de sa personne, alors autant en être fier, non ? NON !
Ludo et elle, unis dans cette existence, s’aimaient bien, et sans doute, pas suffisamment. L’épouse, amputée du statut d’amante, moins aimée, mais toujours prête à suivre l’ensemble. Puis cet homme, tantôt adorable gosse s’amusant parfois en compagnie de poupées neuves, ou bien mari attentionné, selon…La hauteur du degré de culpabilité.
Quelques sublimes aux cheveux dorés et bien lissés ont jonché le sol que tu as foulé. Tu t’amusais avec elles et te lassais vite aussi, me semble-t-il…Les appoints qu’elles affichaient n’étaient qu’accessoires, étaient-ils bien utiles pour durer ? Ces femmes, ces belles brillaient, en montrant leur éclat, et plat nombril aussi. Et moi ? N’étais-je que gentille, ou en corps un peu belle aussi ? Mais je pouvais affirmer, sur le bout des doigts te connaître, et tant pis, si par bien des aspects, je me suis leurrée. Là, moi, décousue.
Je tentais de me faire fi de ce que je devinais, enfin plutôt ce que je me refusais de voir : l’évidence. Les autres, elles, ne connaissaient pas bien tes goûts, elles aussi ne voulaient que jouer…Jouets, poupées. Et moi ma tête au teint porcelaine un peu fêlée…
Je savais, je savais tout… discerner tes incertitudes et reconnaître ce timbre de voix, celui de quand ça ne va pas. Tu n’avais pas besoin d’en dire trop. Je comprenais et repérais ce qui t’animait. Et seule ma présence semblait te suffire à te réconforter, on dirait. Au creux de toi, chaque nuit, pour tant, toi présent, je dormais à tes côtés. Mes couleurs s’étaient légèrement altérées au fil des années, c’est vrai. Maintes fois, tu me perdais et finissais par me retrouver. Moi, cette femme, là, la présence au milieu de ta vie d’homme. Je calquais mon rythme sur le tien, et te rassurais lorsque le filet de lumière était trop étroit, quand tu n’y croyais pas. J’ai assisté et compris tes premiers maux et tes joies , à ta rentrée dans ce que tu appelais la cour des grands, le travail parmi eux, ces hommes importants.
À la fin de ces journées encombrées de trop tracas, ma tête reposait sur ton épaule que je décrivais de solide. Discrète et présente, à la fois, ta complice dans cette quête, celle de grandir, accroître…Automate, maternelle, ou poupée moins jolie, mais dotée de ce grelot tintant dans mon cœur à chacun de tes mouvements. Je voulais pour toujours faire parie de ta vie, même si tu faisais semblant, parfois de m’appeler oubli. L’une posée là sur le repli, souvent celui d’un drap. Je ne pleurais pas.

* : bien sur , bien sur ...

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