Presque par hasard, je retrouve cette fille que j’avais vue la dernière fois âgée de 14 ans. J’ai tout de suite reconnu ce regard en amande, puis admis au même instant que cette femme m’attirait. Captif de ma soif non pas de la goûter mais d’apprendre à la connaître à nouveau, découvrir entièrement l’esprit et la féminité de ses 30 ans. Elle pas tout à fait belle, mais d’une sensibilité exagérée, fatiguée aussi d’un parcours jalonné de pièges. Et moi, enfin libre, me trouvant courageux d’avoir choisi de vivre au singulier, solitaire et solidaire à mon libre-arbitre. Mon libre choix, celui de l’évasion, m’enfuir des restes d’un amour transféré en affection, amour déplacé, grossier et devenu presque vulgaire. La conclusion d’un attachement depuis trop longtemps usé, en finir en traçant un trait sur l’union. Je n’ai pas considéré ma vie comme nouvelle après mon divorce, mais plutôt l’épilogue d’une décision trop longtemps éprouvée. Le verdict de la séparation ne fut pas évident à assimiler, le terme d’une vie commune fut pour moi échec, puis rédemption. Échec puisque mon départ avait un goût d’abandon. Rédemption car je me sauvais, avec peine et difficulté, absorbé par cette volonté d’indépendance naissante. Me sauver de ce lien devenu trop mince, trop faible contre un quotidien devenu fade et terne, être irrémédiablement malheureux au pluriel. J’ai eu dans un 1er temps le besoin de tenir près de moi cette femme nouvelle, j’avais cette inconsciente volonté de lui montrer quel homme je suis devenu cet homme drapé de liberté et d’indépendance.