La descente du jour s’ achève , c’est l’horaire où les gens sont pressés de rentrer chez eux. Dehors : le terne, le gris, c'est entre chien et loup, la nuit se faufile. Les rares enseignes de cette avenue attirent les regards. Je suis acteur passif sous les néons blafards et j’attends la fin du programme : 3 euros 50 lavage et séchage compris, face au public je nettoie mon linge sale dans la vitrine. Lavage automatique, je suis pantin, je me suis planté.
j’attends sur ma chaise en plastic et regarde à travers la vitrine l’extérieur, l’avenue . Une voiture s’arrête au feu rouge, une crâneuse, côté passager front collé à la vitre me dévisage et me fixe. 5 secondes, je la toise j’ai le regard de traviole, puis je plonge la tête dans mon journal . Il y a dans mes yeux quelque chose qui ne fait plus mâle …. De mon bocal ,j’ai vu cette compagne et son regard bancale . Hum ! je remue la tête et souris.
Dès mon retour mon chat vient se frotter sur mes mollets, son miaulement me salue, le ron ron de la télé nous tiendra compagnie. J’espère que les voisins du dessus vont se calmer. Leurs engueulades ravivent ma mémoire. Un souvenir, à peine lointain, là où j’étais un bien piètre mari et père réunis ….. J’étais le meilleur empileur de verres du quartier, c’est ce qu’elle disait, criait. Mon existence ça n’est que du verre pilé….Mes retours à la maison n’avaient rien d’enivrant, à priori c’est tout le monde que je coulais.
Le douillet de mon canapé, maintenant, a remplacé la moleskine des banquettes du troquet . Mais, à présent, ça personne ne le sait ….. Au milieu de la nuit, je suis encore engoncé dans mon divan, quelques cris des énervés de la rue me font sursauter et sortir de ma torpeur . Ah oui, c’est vrai que dehors c’est quasiment tous les soirs le show dans mon quartier. J’aurais presque pu oublier si seulement j’étais sourd en plus d’être muet, puisque personne à qui parler …
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La descente du jour s’achève, c’est l’horaire où les gens sont pressés de rentrer chez eux, entre chien et loup la nuit se faufile. Notre voiture s’arrête au feu rouge, les rares enseignes de cette avenue attirent mon regard. J’observe un homme, acteur passif sous les néons blafards, à l’intérieur d’une laverie, attendant la fin du programme : trois euros cinquante, lavage et séchage compris. Sa face vers un public, il nettoie son linge sale et terni. Côté passager, le front collé à la vitre, moi et ma vision de traviole le dévisageons et le fixons. Durant dix secondes, cet homme me toise et remue la tête, me lance un sourire de Joconde, puis se replonge dans son journal. Il y a dans ses yeux quelque chose qui ne fait plus mâle. De mon bocal, je vois ce type et son regard lui aussi bancale. Je rêvasse et m’ « amuse » à imaginer son existence. Le feu passe au vert, une pluie fine dégoulinant sur le décor se marie très bien avec l’insipide qui règne dans l’habitacle de la voiture. Ludo me lance une flèche empoisonnée. Il ne viendra pas à la soirée de demain, se défendant en affirmant qu’il est crevé et que, de toute façon, il n’en a pas envie… Au moins, pour cette fois-ci, nous n’aurons pas à faire semblant d’être heureux à deux, devant eux, les autres, ceux qui nous félicitent de représenter un couple bien assorti. Parfait ! Tiens, tu es toujours là, toi ? Reflet, « fossé », image tu t’accroches, l’on a du mal à te briser. Néanmoins sa phrase me glace, son ton monocorde en particulier, des mots m’invitant à insister dans le silence. Je n’ai pas le mauvais goût de lui reprocher l’évidence. Je réalise que ni lui ni moi n’aurons pour demain l’énergie suffisante d’offrir le change en cadeau à notre arrivée.
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Pour ceux qui suivent ont lu mon livre le 1er paragrphe est un clin d'oeil, un extra ... Je me suis " amusée" à dire/écrire un truc en plus ...Le 2eme paragraphe est un extrait de mon livre en rapport avec cette journée s'appelant 23/09/2006, du vécu quoi...
Commentaires
bonjour
je ne sais pourquoi en finissant ce poste j'ai pensé
"cafard nocture"
alors je l'ecris
a bientot
bonjour
en effet , effet secondaire
Pas mon truc, le foot !
à moi non plus :)
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous : "Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ?" Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?
Charles Baudelaire, "Les fenêtres" (in "Le spleen de Paris")