Le visage de la vieille femme est comparable à un paysage. Les sillons creusés autour des yeux et des lèvres en forment les chemins. Ces rides paraissent en dire long, et laissent deviner la fin de la route... J’observe cette dame âgée, et voilà que mon imagination commence à me dérouter.
J’aimerais que cette femme me dise, me décrive les moments importants, les instants intenses qui l’ont ainsi marquée.
J’ose à peine regarder vers elle. Cette femme a le dos raide sur sa chaise, et pourtant ce n’est pas droit devant qu’elle observe. Ses yeux étudient un bout du ciel que nous offre la large fenêtre. Il me semble que son esprit a déjà su dépasser le gris de cette fin de journée.
Sa beauté s’est à peine altérée, et son élégance s’est obstinée à rester. Je voudrais que cette femme me dise, me décrive tout de son existence
Je voudrais qu’elle me parle de voyages lointains. Moi qui ne suis jamais allée bien loin, et pourtant parfois trop. J’ai envie d’obtenir d’elle un récit extraordinaire et la description des passions qui ont ainsi brûlé son derme. J’ai tellement envie de parler à quelqu’un qui ne sait rien d’autre, à part ÊTRE à fleur de peau.
Au milieu de ce face à face, ce huis clos une table basse recouverte de journaux nous sépare, et dessine une barrière. C’est le silence entre nous. La timidité et une certaine forme pudeur m’empêchent de franchir l’obstacle des conventions. Ce protocole à respecter avec une personne inconnue que le hasard a réuni.
Je voudrais que cette femme me dise me décrive autre chose que les raisons qui font que nous sommes ici à attendre un destin, notre lot.
À chaque fois que j’ai ce genre de rancard mon imagination s’attarde sur des silhouettes d’histoires, m’aide à passer au travers des murs de cette sale attente.
Commentaires
Juste un gros bisou en passant...
Je t'oublie pas, tu me manques ;-)
obstacle, tacle
frontière, hier
ah ! les sempiternelles barrières de la convention !! difficile à franchir parfois ! un bien joli texte à nouveau ! merci !