Du siège passager de la voiture, je vois ma mère revenir de la pharmacie.
Dans son sac, il y a sparadrap, bétadine et pansements plus les avertissements de l’urgentiste. La prochaine fois, il faudra que je fasse plus attention, m’ a-t-il ordonné sur son papier !
Une fois assise dans la voiture, elle me tend une chupa chups, sa façon bien à elle, de se moquer un peu de moi. Ce bonbon tendu incarne une blague, parce qu’il est accompagné de : « tiens mon bébé « . Le genre de vannes que seuls tous les deux comprenons.
Avant de démarrer, ma mère me jette un coup d’œil et me lance :
- « Avant que tu ne mettes le son de la radio à fond, je voulais te faire observer que mesurer le danger d’un défi était parfois utile mon très cher fils, sache le ! Voir s’abîmer mon bébé m’est très difficile, même si celui-ci va me dépasser, dans pas très longtemps! Et c’est là que s’arrêtera mon sermon. «
Nous échangeons un sourire en coin. Celui là même que nous avons en commun. Je ne rajoute rien, car à cet instant précis cela serait inutile. Le son de Franz Ferdinand prendra le relais, donc. Nous ne passerons pas , via le centre ville, même s’il est encore temps et que j’insiste !
Il y a des endroits où elle ne veut pas qu'on l'accompagne. Ma mère me rétorque qu’elle ira dès demain matin…. peut-être.
Elle m’énerve souvent avec ses « points de suspension » ( ces blancs dans la conversation) presque toujours suivis de « quoique « ou « peut être » . ça la fait marrer, je l’ai remarqué !
Mes points de suture commencent à me tirer sur le mollet ! Dans 10 ou 15 ans, quand je serais un homme en regardant ma cicatrice, je me souviendrais de cette journée à vélo...Peut-être. De ce jour, où j’ai dévalé trop vite la pente du terrain de cross, et fini par tomber dans le fossé . Cette fin d’ après-midi où j’ai broyé la main de ma mère, tandis que le médecin me cousait 8 points.
Dans 10 ou 15 ans , une chose est certaine : elle et moi aurons toujours ce même petit sourire en coin. Un plissement de lèvre, un silence où il n’est pas si facile de dire, néanmoins où il est aisé de comprendre certains « trucs « …. Elle dit souvent qu’il est facile de lire dans le bleu de ces yeux là : les miens…Quoique...
Ma mère devine plein de « trucs » , parfois ça m’agace parfois ….pas.
Tant de aime ! Temps de aime
Commentaires
Des moments de complicité comme ça, je n'en partage jamais avec ma mère... c'est dommage... mais en même temps ça ne me manque pas ! Ca veut dire que je suis égoïste, insensible... ?
Elle aussi essai souvent de "lire dans mes yeux" mais elle enrage toujours car elle n'arrive jamais à deviner ce que je cache... ^^
joli texte ! presque cinégénique (oui, ça ferait un bon début de film..genre road movie) j'aime beaucoup les guimmicks "dans 10 ou 15 peut etre" "dans 10 ou 15 ans qui sait ? " . j'aime également ton univers et je te souhaite un doux week end !
Oui, les mamans devinent plein de « trucs ».
Moi aussi, j'ai ma cicatrice. Ca fait viril ;~)